Véritable phénomène Outre-Atlantique, la bd Scott Pilgrim est une simple histoire d'amour racontée dans un mash-up de culture manga, vidéoludique, comics et cinématographique. Bref, un beau bordel pour geek, magnifiquement porté par des dialogues subtils et une trame grand public, de quoi faire grandir une réputation brillante tout autant chez les concernés que chez les autres.
Structurée en six tomes, la bd raconte comment un gars de 23 ans, complètement inapte à la rupture, tombé amoureux d'une nénette nommée Ramona Flowers, va devoir terrasser les 7 ex maléfiques de la donzelle pour vivre son idylle tranquille. Ça commence tout doux, presque comme une histoire écrite par Zach Braff et puis ça verse assez rapidement dans le grand n'importe quoi à la Dragon Ball après quelques pages. Pourtant, sans qu'aucune restriction à une référence obscure ne soit faite, l'histoire ne dévie jamais de son rail principal, une belle romance contemporaine, faite d'onirisme, d'humour, de lâchetés et de trahisons.

Ce qu'il y a de fort avec la BD Scott Pilgrim, c'est que lorsqu'on a finit de lire ça, on se dit deux trucs.
Primo, Scott Pilgrim, c'est tout le monde: moi, mon pote de toujours, probablement mes collègues ou même ma meilleure amie d'enfance.
Secundo, c'était riche, très riche, et pourtant simple, très simple.

Autant dire que lorsqu'on annonce alors un film Scott Pilgrim, on attend au minimum que ces deux éléments là restent après le processus d'adaptation.
Comment résumer 6 tomes de bande dessinée avec une complexité de référence digne du manuel complet du geek 2010 sans pour autant verser dans le film "clin d'oeil au public" effaçant ses protagonistes et son histoire au passage?

La réponse est simple: laissez-le entre les mains d'un britannique. On le sait, ce n'est pas la première fois que j'encense les sujets de la Reine sur ce blog mais il faut avouer que pour le coup, un petit bijou d'adaptation sort de chez eux. Et c'est encore à Edgar Wright que l'on doit une telle prouesse.
Edgar Wright, génial réalisateur de la série Spaced (critiquée ici) ainsi que des films Shaun of The Dead et Hot Fuzz, laissera tomber le troisième volet de sa trilogie pour s'attaquer à cette chronique amoureuse façon 16 bits avec les bénédictions du pool de fans de la bd. Forcément, quand on a feuilleté trois pages de Scott Pilgrim, on se dit qu'il n'y a pas quarante réalisateurs qui pourront capter l'essence même du projet. Edgar Wright s'amène en tête et à raison.

Ce que Wright signe là, c'est la synthèse de ce que Pilgrim est. Une ode aux troubles de notre génération, tintée de culture alternative et de l'humour en découlant. Certes, les plus âgés pourront critiquer l'ovni en prétextant une illisibilité hystérique, mais ceux qui ont grandi avec une manette SuperNes dans les mains ne pourront que trouver Scott Pilgrim vs The World au minimum fun. Il y avait mille manières de tomber dans l'excès inutile avec ce sujet, Wright les évite toutes et nous file ce qu'il faut.

Avec ce film, il réalise son Sin City. Une adaptation parfaite, excellemment bien maîtrisée et qui sait rendre ce qu'elle emprunte à son original en lui ajoutant même une dimension supplémentaire, la bande originale, un petit bonheur pour les oreilles.

Rendez vous donc dans les salles obscures françaises en fin d'année (si d'ici là, Universal ne se décide pas à saborder son propre projet en le sortant en direct to dvd).